L’observatoire des violences POLITIQUES
X
Brèves

L'antifa Gino, accusé d'avoir massacré des personnes isolées à Budapest, libéré de prison par la justice française

31/3/2025

Le 26 mars 2025, Rexhino Abazaj, dit « Gino », militant antifasciste italo-albanais, a été libéré de la prison de Fresnes après plus de quatre mois de détention. Cette décision, prise par la cour d’appel de Paris, marque une avancée dans une affaire qui suscite de vives réactions depuis son arrestation en novembre 2024. Accusé par la Hongrie d’avoir participé à des violences contre des personnes isolées lors d’un contre-rassemblement antifasciste à Budapest en février 2023, Gino reste toutefois sous la menace d’une extradition, dont le sort sera tranché le 9 avril prochain.

L’affaire remonte au 11 février 2023, lors du « Jour de l’Honneur », une commémoration annuelle à Budapest où des nationalistes rendent hommage aux soldats allemands et hongrois qui ont défendu la ville contre les communistes à la fin de la Seconde Guerre mondiale. En marge de cet événement, des heurts ont éclaté entre militants antifascistes et personnes isolées, accusées de participer à la commémoration.

Les autorités hongroises reprochent à Gino, ainsi qu’à d’autres antifas, d’avoir agressé des individus isolés, des actes qualifiés de « participation à une organisation criminelle » et de « coups et blessures graves ». Un mandat d’arrêt européen avait conduit à son interpellation en France par la Sous-direction antiterroriste (SDAT), le 12 novembre 2024, alors qu’il résidait en région parisienne.

La libération de Gino intervient après une audience le 12 mars 2025, La cour d’appel a ordonné sa remise en liberté sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter le territoire français, dans l’attente d’une décision définitive sur le mandat d’arrêt européen. La justice française a exigé des garanties supplémentaires de Budapest sur l’indépendance de son système judiciaire et les conditions de détention, auquel cas l'antifa pourrait ne pas être extradé.

Tag en soutien à l'antifa Gino.

D’un côté, les autorités hongroises, vidéos à l'appui, présentent Gino comme un danger public, passible de seize ans de prison. De l’autre, ses défenseurs, dont des figures de la l'extrême gauche parlementaire comme les députés LFI Thomas Portes et Raphaël Arnault, le dépeignent comme un résistant face à l’extrême droite, victime d’une répression politique. Ils avaient d'ailleurs rendu visite à cet antifa violent en février dernier. https://www.streetpress.com/sujet/1739202620-gino-militant-antifasciste-prisons-francaises-detention-neonazi-proces-thomas-portes-incarceration-hongrie-cellule-reportage-extradition

Les images des agressions perpétrées à Budapest montrent des blessés graves et dépeint une violence sans limite qui, dans une démocratie, ne devrait pas pouvoir être défendue.

Rexhino Abazaj, n’est pas un cas isolé dans cette affaire. Il fait partie d’un groupe d’environ vingt militants antifas poursuivis par la Hongrie pour leur implication présumée dans les agressions du 11 février 2023. Ces militants, principalement d’origine italienne et allemande, ont été ciblés par quatorze mandats d’arrêt européens émis par Budapest.

Voici un aperçu de la situation de ses principaux complices connus :

  • Ilaria Salis (Italie) : Arrêtée à Budapest en février 2023, cette militante italienne d’extrême gauche a passé plus d’un an en détention. Après quinze mois, elle a obtenu une assignation à résidence au printemps 2024. Élue députée européenne en juin 2024 avec l’Alliance Verts et Gauche, elle a bénéficié de l’immunité parlementaire, ce qui a conduit à sa libération définitive. La Hongrie demande aujourd’hui la levée de cette immunité pour la juger.
  • Maja T. (Allemagne) : Militant non-binaire allemand, Maja T. a été extradé d’Allemagne vers la Hongrie en juin 2024. Détenu à Budapest depuis, il est en procès depuis le 21 février 2025 pour « blessures mettant la vie en danger ». Refusant un plaider-coupable qui réduirait sa peine à 14 ans, il risque jusqu’à vingt-quatre ans de prison.
  • Tobias (Allemagne) : Arrêté à Budapest en février 2023, il a été condamné à 22 mois de prison après avoir accepté une négociation de peine. Libéré en décembre 2024 à l’issue de sa peine hongroise, il a été transféré en Allemagne, où il est désormais jugé dans l’affaire « Antifa Ost » à Karlsruhe.
  • Gabriele Marchesi (Italie) : Visé par un mandat d’arrêt hongrois, il a été arrêté en Italie, mais la cour d’appel de Milan a refusé son extradition en mars 2024, invoquant les risques de traitements inhumains en Hongrie. Libre en Italie, il fait face à un procès par contumace à Budapest, prévu pour le 6 mai 2025.
  • Hanna (Allemagne) : Détenue à Nuremberg, elle est jugée en Allemagne (et non en Hongrie) depuis début mars 2025 à Munich pour tentative de meurtre et association de malfaiteurs liée aux événements de Budapest.
  • Autres militants : Sept militants allemands (Nele, Paul, Zaid, Clara, Moritz, Paula et Luca), initialement en fuite, se sont rendus volontairement aux autorités début 2025, élargissant la portée de l’affaire. Ils sont actuellement emprisonnés en Allemagne.
  • D'autres sont encore en fuite.
No items found.

Sur la même categorie

ARTICLES RÉCENTS

Ne manquez aucune de nos publications !

Votre abonnement n'a pas pu être enregistré. Veuillez réessayer.
Votre inscription a été effectué avec succès.