L’observatoire des violences POLITIQUES
X
Dossier

Bilan des violences de l'extrême gauche en 2024

7/2/2025

Cette enquête est extraite du numéro 103 de la revue Liberté Politique, à paraître prochainement. Vous pouvez déjà commander la revue en cliquant ici

Alors que L’Observatoire étudie quotidiennement les violences de l’extrême gauche depuis le mois de janvier 2024, nos équipes peuvent désormais affirmer sereinement qu’il est impossible de procéder à un relevé exhaustif des violences de l’extrême gauche. D’une part parce qu’elles sont trop nombreuses, d’autre part car elles sont commises par des dizaines voire des centaines de groupuscules, collectifs et groupements de fait différents, souvent informels donc, qui procèdent de différentes tendances, tantôt antifascistes, tantôt anarchistes, tantôt écologistes, tantôt autonomistes.

De plus, tous les actes illégaux ne sont pas explicitement revendiqués : ils peuvent simplement être relayés sur des sites d’extrême gauche au travers de textes dénués de photos et d’informations non-compromettantes, ce qui empêche toute exploitation médiatique car il est ainsi impossible de vérifier les dires. Lorsqu’un acte illégal est enregistré par L’Observatoire, comme des tags sur le campus d’une faculté par exemple, il est probable que ces agissements soient réitérés par les mêmes protagonistes peu de temps après, sans que ceux-ci fassent l’objet d’un nouvel article et donc d’un recensement.

Enfin, et c’est probablement l’élément le plus déterminant, l’impossibilité de mesurer scientifiquement ces violences provient d’une absence cruciale de médiatisation de ces méfaits. Quand le moindre tag d’une croix gammée est relayé nationalement (ce fut par exemple le cas pour une croix gammée réalisée au ruban adhésif sur le panneau d’affichage d’une école à Bègles en novembre dernier), certaines dégradations d’extrême gauche, pourtant significatives, ne sont pas connues au-delà des petits médias locaux, ce qui démultiplie les chances de passer à côté de l’information. Par exemple, le campus de la faculté de Lyon II est submergé de tags d’extrême gauche au point où la direction n’est plus capable de tous les effacer, l’obligeant ainsi à ne traiter que les menaces de mort. Cette information, qui a priori n’est pas anodine, n’a pourtant jamais été traitée nationalement. Est-ce que ces choix éditoriaux procèdent d’un raisonnement marketing des journalistes qui ne cherchent que du « clic », ou bien ce silence trahit-il des accointances idéologiques entre militants d’extrême gauche et journalistes ? S’il est bien difficile de répondre à cette question, il est plausible de postuler que ces deux éléments forment une partie de l’explication.

Néanmoins, les méfaits relevés par L’Observatoire tendent à l’exhaustivité et sont dignes d’être étudiés, partant du principe que les données issues de l’échantillon (à savoir les articles de L’Observatoire) ne peuvent en réalité formées qu’une estimation basse du nombre de violences d’extrême gauche. Par ailleurs, il y a énormément de méthodes propres à l’extrême gauche qui ne sont pas nécessairement compilées par L’Observatoire, à l’image des manifestation non-déclarées, qui sont par essence illégales mais qui ne découlent pas toujours sur des débordements et qui demanderaient beaucoup trop de travail pour les répertorier étant donné leur nombre exponentiel. 

En dépit de cette méthode imparfaite du fait de ses modestes moyens, L’Observatoire s’est montré en capacité de relever en moyenne entre trois et quatre méfaits par semaine en 2024. Ces chiffres ne sont pas négligeables et démontrent une hyperactivité de l’extrême gauche, laquelle peut surprendre au vu de l’omerta médiatique qui sévit sur ces sujets.

Violences physiques (contre des opposants politiques, des policiers, menaces, interpellations avec armes...) : 55

Dégradations de biens (bâtiments officiels, saccage de commerces, permanences, tags, statues, sabotage de rails...) : 72

Manifestations illégales significatives (non déclarées, sauvages, contre-manifestations agitées...) : 32

Divers (blasphème, apologie de la violence ou du terrorisme, pédophilie, drogues, agressions sexuelles...) : 14

TOTAL : 173

*Certains faits peuvent se trouver dans plusieurs catégories : une manifestation illégale peut par exemple provoquer des dégradations et des violences. Si cela démontre des statistiques qui ne sont pas élaborées absolument scientifiquement, il convient de garder à l’esprit que toutes les violences ne sont pas prises en compte dans l’échantillon de départ et que les résultats obtenus constituent une sous-évaluation des violences d’extrême gauche en France. Toutes les données utilisées pour réaliser ces graphiques sont issues de notre site internet. Vous pouvez retrouver chaque méfait en consultant les brèves.

Les actes illégaux de l’extrême gauche se concrétisent avant tout par des dégradations (41,62%). En 2024, de nombreux actes de vandalisme significatifs ont été relevés, de la casse de commerces par les traditionnels cortèges de black bloc du 1er mai en passant par les manifestations anti-RN des mois de juin et juillet pour les biens publics et les commerces, tandis que de plus en plus de groupuscules écologistes s’attaquent à des banques ou à des sièges sociaux. 

La violence reste toutefois très présente au sein de l’extrême gauche et représente 31,79% des méfaits recensées en 2024. La violence ne se cantonne pas seulement aux ennemis politiques qui se rattachent à l’extrême droite, mais elle a aussi frappé des militants du parti Les Républicains à plusieurs reprises, notamment à Lyon. Au-delà, cette violence s’est notamment enracinée dans des endroits symboliques, comme à Sainte-Soline dans le cadre de la lutte contre les « méga-bassines » ou sur le chantier de l’A69, que l’extrême gauche combat. Dans ces cas, les dégradations et les violences sont liées, c’est pourquoi elles représentent 73,41% des méfaits globaux.

L’extrême gauche, dans 18,49% des cas, s’affranchit du droit afin de manifester, pour perturber ou de tenter d’empêcher une réunion politique ou une manifestation organisée par un camp politique opposé. La contre-manifestation, souvent illégale, est un moyen de pression très répandu à l’extrême gauche mais relativement banalisé. En 2024, les contre-manifestations les plus significatives se trouvent près de Nantes où, à deux reprises, plus d’une centaine d’antifas a tenté d’attaquer une réunion du RN. À chaque fois, un dispositif policier surchargé a dû être mobilisé afin d’éviter une confrontation directe.

En 2025, L’Observatoire poursuivra sa montée en puissance et visera toujours un peu plus à l’exhaustivité afin de pouvoir proposer un bilan statistique plus fourni, plus scientifique et analysé plus minutieusement.

Pour aider L’Observatoire à fournir un travail toujours plus professionnel, n’hésitez pas à faire un don.

No items found.

Sur la même categorie

ARTICLES RÉCENTS

Ne manquez aucune de nos publications !

Votre abonnement n'a pas pu être enregistré. Veuillez réessayer.
Votre inscription a été effectué avec succès.