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Action Antifasciste Paris-Banlieue : 16 ans de violences

Premier collectif antifa français, l’Action Antifasciste Paris-Banlieue est toujours le principal mouvement parisien en activité depuis une quinzaine d'années et reste une référence incontournable pour l’ensemble de cette mouvance, que ce soit en termes de radicalité, de violence, ou d'organisation.

3/10/2024

On peut difficilement évoquer le phénomène antifa en France sans parler de ceux qui en furent les pionniers et en sont toujours la frange la plus activiste, à savoir la tristement célèbre Action Antifasciste Paris-Banlieue. Aujourd'hui éclipsée par la Jeune Garde et le très médiatique Raphaël « Arnault » Archenault, l'AFA-PB fut cependant pendant de longues années le visage du militantisme antifa aux yeux du public français, réputée pour sa violence et son extrémisme sans concession. De l'Affaire Méric à celle du Quai de Valmy, entre rixes sanglantes et incendie de voiture de police, le groupe à l'idéologie radicalement antiflic et antisioniste a durablement imprimé sa marque sur le paysage politique parisien et reste encore à ce jour la bande antifa la plus active dans les rues de la capitale. L'Observatoire vous propose donc à travers ce dossier une rétrospective générale de l'activité de ce groupuscule qui, malgré ses nombreux déboires judiciaires, n'a à ce jour toujours pas fait l'objet d'une procédure de dissolution.

Histoire

L’Action Antifasciste Paris-Banlieue est fondée en 2008 sous le patronage de Julien Terzics [1], ancienne figure de la bande redskin Red Warriors, batteur du groupe de musique Brigada Flores Magon, chef du service d'ordre de la Confédération nationale du travail (CNT) et patron du bar militant Le Saint Sauveur. Terzics réalise la même année le documentaire « Antifa : chasseurs de skins » pour dresser le bilan de son parcours militant et introduire en France le concept d’« antifa », hérité de l’antifascisme allemand. Ancrée dans le milieu d’extrême-gauche parisien traditionnel, l’AFA-PB se constitue à partir de la fusion entre plusieurs bandes informelles et déjà actives de jeunes antifascistes, menés par Olivier Bonafé : la Jeune Garde, mouvement redskin fréquentant le local de la CNT ; des élèves du Lycée Autogéré de Paris ; et des ultras du groupe Brothers section du Virage Auteuil au Parc des princes.

La première Jeune Garde lors du mouvement contre le CPE en 2006.

Pendant cinq ans, l’AFA-PB échappe en grande partie à l’attention médiatique et son activité consiste principalement en bagarres et agressions ciblant la mouvance soralienne, les hooligans du Kop of Boulogne (Paris Saint-Germain), et des groupes identitaires comme le GUD ou les Jeunesses nationalistes (JN). Le 6 juin 2013, la mort du militant Clément Méric propulse l’AFA-PB dans les médias nationaux et fait connaître le phénomène antifa au grand public. Cet événement précipite aussi un basculement de génération : Micha Sztalryd, le successeur d'Olivier Bonafé depuis quelques années, se retire du mouvement suite à des dissensions intestines. Les membres les plus jeunes du groupe, menés par Antonin Bernanos, en prennent alors la tête pour affirmer une politique de rupture radicale avec les organisations de gauche traditionnelles. Cette politique se traduira notamment par un engagement au sein des manifestations pro-palestiniennes de 2014, jugées infréquentables par une partie de la gauche, et qui imprimeront durablement leur marque sur l’identité du mouvement. Cette rupture générationnelle verra en 2017 la condamnation par Bonafé de ses successeurs dans un communiqué relayé par... Djorde Kuzmanovic, à l'époque toujours membre de le France Insoumise !

La première mouture de l'AFA, mi-casual, mi-redskin.

L’AFA-PB s’investit ensuite tout particulièrement lors du mouvement social contre la Loi El-Khomri (ministre du Travail du gouvernement de François Hollande) en 2016, où elle participe au cortège de tête des « black-blocks » et au happening « Nuit Debout » dont elle assure le service d’ordre. Elle participe également à la mobilisation du comité « Vérité pour Adama » qui accuse la gendarmerie du meurtre du jeune Adama Traoré. L’arrestation d’Antonin Bernanos pour l’incendie d’une voiture de police au quai de Valmy (en mai 2016) dans ce contexte de fortes tensions sociales fait à nouveau parler de l’AFA dans les grands médias, et son image sera durablement associée aux « casseurs » et à la lutte anti-flic. C’est durant cette séquence que le groupe acquiert une réelle audience médiatique et commence à investir d’autres champs politiques que la simple lutte contre les groupes d’extrême-droite.

Cortège de l'AFA à la manifestation d'hommage à Méric du 1er juin 2019. On reconnaît en tête, veste nouée à la taille, Raphaël Arnault, aujourd'hui député LFI.

Pendant longtemps seul acteur des violences antifas à Paris, l’AFA est progressivement rejointe par d’autres groupes tels que le MILI ou la Jeune Garde (nouveau groupe lyonnais qui multipliera cependant les apparitions à Paris), ainsi que des bandes d’ultras de football, comme les Rapaces du Red-Star Saint-Ouen, ou les Supras Auteuil du PSG. Des actions communes sont coordonnées sous le label unitaire « Paris Antifa », dont l’AFA assure le leadership, revendiquées via les comptes « Antifa Squads » sur les réseaux sociaux, et deviennent rapidement un modèle pour l'ensemble de l'extrême-gauche antifa française, en suivant les codes du hooliganisme footballistique.

Pionnière de la mouvance antifa en France, l’AFA-PB est aujourd’hui au centre d’un réseau de groupes locaux et autonomes, tels que le Groupe Antifa Lyon et Environ (GALE), l’AFA Nord-Pas-de-Calais (NP2C), l’AFA Marseille, ou encore l’AFA Nantes. Elle est également en concurrence avec la Jeune Garde, qui s’est constitué en réseau national, et coexiste à Paris aux cotés de nombreux groupes antifas mineurs, tels que le Tolbiac FC, le Collectif antifasciste inter-universitaire (CAIU) ou encore le Paris Queer Antifa.

Le réseau national de l'AFA réuni à Paris.

Aujourd'hui, les multiples passages en prison d'Antonin Bernanos, dont la figure est à présent indissociable du mouvement, lui confère une aura de résistance enviée par le reste de la mouvance d'ultra-gauche, et le souvenir de la mort de Méric une légitimité certaine pour incarner une forme d'orthodoxie du milieu antifa, face au nouveau modèle plus médiatisable de la Jeune Garde. Antonin Bernanos qui, de son propre aveu [2], se sera retrouvé interpellé une quarantaine de fois et présenté dix fois devant des juges, pour une poignée de condamnation, incarne ainsi une certaine idée du militant révolutionnaire et contestataire, en rupture avec un ordre républicain que d'autres forces de gauche prétendent ostensiblement défendre.

Rassemblement de soutien à Antonin Bernanos (au centre). À droite, son frère Angel et à l'extrême-droite, Mehdi Daddane.

Idéologie 

L’AFA-PB se réclame de l’antifascisme autonome, ou antifascisme révolutionnaire et s’inscrit dans la mouvance, plus large, des autonomes, fraction de l’ultra-gauche anarcho-marxiste dont les « blacks blocks » sont la partie la plus visible. De cette mouvance autonome découle une pratique politique clandestine, centrée sur la vie en squats et l’organisation d’actions illégales, en rupture avec les institutions de la République. Dans le discours politique de l’AFA, la police est un ennemi. Institution par essence fasciste, la Police nationale serait héritière de l’État français de Vichy et de la police coloniale d’Algérie française [3]. Ainsi, l’AFA revendique l’usage de la violence, sous l’appellation d’« autodéfense populaire », comme une nécessité, du fait de la « fascisation » de l’État. L’ennemi principal n’est alors plus tant la montée du Rassemblement national (comme le théorisait l’anti-lepénisme historique), qu’un système raciste et capitaliste qui serait déjà au pouvoir.

Black block de l'AFA-PB à la manifestation d'hommage à Méric du 4 juin 2016, qui dégénéra en violents affrontements avec la police.

L’expression de cet antifascisme autonome passe également par une forte implication dans les luttes anticoloniales de gauche, particulièrement le soutien aux mouvements palestiniens, au Kurdistan et à l’Irlande du Nord. L’AFA revendique une ligne clairement anti-impérialiste, le fascisme étant considéré comme l’expression de la force employée par le capitalisme international pour réprimer les peuples partout où ils se trouvent. Cet engagement anticolonial se double d’une idéologie décoloniale selon laquelle les méthodes de maintien de l’ordre utilisées jadis dans les colonies sont aujourd’hui appliquées dans les banlieues au nom d’un système raciste visant à diviser les travailleurs et empêcher leur union.

Enfin, en opposition avec une extrême-gauche souvent critiquée pour son folklore et ses codes « bourgeois blancs », l’AFA-PB revendique d’être un mouvement antiraciste constitué de « premiers concernés » issus de l’immigration et fut pionnière d’une rupture avec la tendance anticléricale « traditionnelle » des milieux anarchistes français : une partie des militants de l’AFA-PB se revendiquent ouvertement musulmans pratiquants, et le groupe se refuse à toute critique de la religion en soi. Ce positionnement l’aura poussé par exemple à protester contre la dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), organisme islamiste, ou contre l’expulsion de l’imam Iquioussen, auteur de prêches antisémites. Selon une source policière, environ un tiers des membres de l'AFA sont de culture musulmane ou convertis à l'islam.

Structure 

L’AFA-PB est un groupe affinitaire dont les effectifs n’ont jamais dépassé une quarantaine de personne, et dont l’activité est dirigée par un noyau dur de militants confirmés, tous proches de la trentaine, qui évoluent aux cotés de militants plus jeunes, actifs dans les facultés. Les profils sont de classe moyenne, souvent étudiants ou anciens étudiants, fréquemment de familles d’anciens militants de gauche. À la différence de nombreuses organisations de gauche, l’AFA-PB compte un grand nombre de militants d’origine immigrée, ainsi que quelques étrangers. Enfin, l’organisation peut compter sur un certain réseau d’entraide professionnel : une partie de son noyau est régulièrement employée dans les bars de Némésis, la société de Julien Terzics et Andreas Zund, comme le « Saint-Sauveur » ou encore le « TDTF » (également situé dans l’Est parisien, et où se réunit le MFC 1871).

Bien qu’elle organise le même type d’action bénigne (tractage, collage, conférence) que la plupart des groupes politiques de tous bords confondus, l’AFA-PB est connue pour ses actions violentes contre ses opposants politiques, souvent revendiquées sous le label générique de « Paris Antifa ». Celles-ci sont organisées selon les méthodes de la mouvance hooligan. Une « mob » est organisée sur des réseaux de messagerie cryptée, les militants antifas se réunissent en un lieu, définissent une cible, et organisent une attaque. Bien que ces attaques puissent viser des biens, tels que des bars ou des salles de réunion, elles visent beaucoup plus fréquemment des personnes. Ces attaques ne se déroulent d'ailleurs pas avec le soucis d'éviter les dommages collatéraux, comme en témoignent plusieurs bars parisiens ravagés par les antifas. L’objectif assumé de l’AFA-PB est de démobiliser des militants du bord opposé par une stratégie de la terreur, d’instaurer un rapport de force violent dans la rue. Ces violences sont loin de cibler uniquement les opposants de droite, l'AFA réglant régulièrement ses comptes manu militari avec les groupes de gauche la critiquant ou empiétant sur ses plates-bandes, comme le prouve la série d'affrontements avec la Jeune Garde qui eu lieu durant l'année 2021. Faisant partie de la plus large mouvance autonome, l'AFA-PB participe également régulièrement au black bloc des manifestations de gauche pour faire le coup de poing contre la police.

Identité de groupe

Issus de la rencontre entre les anarcho-communistes de culture punk et redskin, et d’ultras du Paris Saint-Germain, l’AFA-PB a très rapidement adopté l’identité visuelle et les codes vestimentaires des seconds. Les militants de l’AFA sont reconnaissables à leur look casual, constitué des marques Fred Perry, Lyle and Scott, CP Company ou encore Stone Island, bien que comme le reste de la mouvance autonome, ils s’habillent fréquemment dans des tons sombres. En plus des symboles communs à la mouvance antifa, la communication de l’AFA-PB met en scène régulièrement le blason de Paris ainsi que des références à la Commune. Les allusions au communisme soviétique sont plus discrètes, mais apparaissent néanmoins sur les réseaux sociaux d’une partie de ses membres, qui n’hésitent pas à plaisanter sur le Goulag ou le léninisme.

Les Brothers et l'AFA posant devant le Pierrot, bar qu'ils attaquèrent à plusieurs reprises en 2013.

L’AFA-PB se constitue pionnière en matière de contre-culture antifa européenne, de forte inspiration allemande et italienne. Celle-ci diverge de la culture « punk » et « skinhead » classique de l’extrême-gauche traditionnelle par l’influence du hip-hop et la mise en scène d’une esthétique fortement inspirée des banlieues immigrés. Enfin, les antifas se distinguent également par un culte des martyrs du fascisme. En effet, la question du caractère meurtrier de la violence d'extrême-droite est centrale dans la propagande antifa visant à légitimer ses propres violences. Ainsi, la commémoration de la figure de Clément Méric est associée à des hommages à toute une série de figures d'extrême gauche européennes tués par des néonazis (comme le rappeur grec Killah P ou des figures redskins russes), permettant la construction d'une figure du fasciste meurtrier à laquelle sont amalgamés tous les opposants à la gauche, quels qu'ils soient. Différents rappeurs affiliés à l'AFA composèrent même une mixtape d'hommage à Clément Méric et Killah P en 2014.

Communication en ligne 

L’AFA-PB communique principalement en ligne via les grands réseaux sociaux, sur lesquels elle dispose de comptes particulièrement suivis : autour de 30 000 abonnés sur Instagram, Facebook et X.

En plus de ces réseaux, elle a jadis animé un blog, toujours existant : http://aafparis.over-blog.com/, et a participé à la plateforme de renseignement fafwatch.com. Cependant, comme la plupart des blogs d'information politique, ces sites sont globalement inactifs depuis le tournant des années 2014-2015.

Enfin, la revendication des actions violentes passe presque exclusivement via la plateforme nationale Antifa Squads, qui est présente sur les réseaux sociaux et cogérée par les militants de l’AFA-PB et de la Jeune Garde Lyonnaise, notamment Mehdi Daddane (pour l’AFA) et Safak Sagdic (pour la JG). Cette politique permet de protéger les principaux réseaux de l'AFA, avec un très grand nombre d'abonnés, des campagnes de signalements subies par les vidéos de violence, ou des poursuites judiciaires.

Émanations

L’AFA-PB se structure en plusieurs sous branches et collectifs écrans, pour se protéger d’éventuelles dissolutions, recruter, mais également pour ouvrir son militantisme à des collaborateurs qui pourraient soutenir ces actions violentes sans pour autant y participer directement. On y trouve :

- Collectif antifasciste Paris-banlieue (2013-2015) : Une structure annexe à l’AFA permettant à des militants non-violents de participer à l’activisme et au programme du groupe, il fut ensuite pensé pour être un vivier de recrutement dans la foulée du gain de popularité que l’affaire Méric a engendré, avec peu de résultats probants.

La HGR (Hagra) Youth, section jeune de l'AFA en 2016. À gauche en bleu, Léo Fouassier faisant le signe Jul.

- Mouvement Inter-Luttes indépendant (2013-2017) : Collectif autonome de lycéens fondé à l’origine pour organiser les blocus contre l’expulsion du territoire de la lycéenne rrom Leonarda Dibrani. Le MILI est une émanation de l’AFA-PB et est dans un premier temps géré par les jeunes du mouvement, parmi lesquels Léo Fouassier, dit Somi, et Lucas Ravaud. Il prend rapidement en autonomie et devient une porte d’entrée dans la mouvance antifa pour de nombreux jeunes dépolitisés, attirés d’abord par les blocus et la casse en manifestation, puis par la violence de rue en règle générale. Un noyau dur de jeunes du MILI, menés par Mehdi Daddane et Amaï Goudiaby, forment à sa suite la bande ultra des Rapaces (et lancent la page facebook Antifa Squads) dont l'existence prend fin vers 2019. En effet, Amaï Goudiaby abandonnera le militantisme après avoir été agressé à son domicile par Antonin Bernanos, tandis que Mehdi Daddane devient cadre de l'AFA, fonction qu'il occupe toujours à l'heure actuelle.

Les Rapaces devant la faculté d'Assas. Deuxième à gauche, Amaï Goudiaby. À l'extrême droite, Léo Fouassier en t-shirt et Mehdi Daddane.

- Comité pour Clément (2013), créé avec la famille de Clément Méric, son ex-petite amie, et qui réunit tous les soutiens et proches qui ne font pas nécessairement partie de l’AFA. Le Comité est à l’initiative de la manifestation annuelle d’hommage à Méric.

- Ménilmontant Football Club 1871 (2014), un club de football amateur évoluant en Sénior D3 Île-de-France. Géré par les Brothers, notamment Flavien « Yaya » Salandre et Alix Manga, le MFC fut pendant plusieurs années inféodé directement à l’AFA, avant de prendre son autonomie en 2018, lorsque les Brothers s'auto-dissoudront. Ses membres font aujourd'hui partie du groupe ultra historique des Supras Auteuil, impliqués récemment dans les violences au stade de Nice en 2022, et également dans les échauffourés ayant mené à la mort de Yann Lorence en 2010.

Banderole du MFC de novembre 2019 qui leur vaudra une sévère sanction de la part de la FFF.

- Libérons-les (2016) : Collectif fondé lors de l’incarcération d’Antonin Bernanos pour demander sa libération, et qui vint également en aide au militant de l’AFA Alix « Tortue » Manga, lors de son incarcération en Allemagne pour une manifestation contre le G20.

- Collectif des mères solidaires, auquel participent Geneviève Bernanos, mère d’Antonin et Angel, ainsi que la mère de Clément Méric, et qui vise à organiser la défense juridique et le soutien aux familles des militants poursuivis en justice.

- Collectif Œil, dirigé par le membre fondateur de l’AFA Léo Kékéménis, et le journaliste indépendant Mannone « Nnoman » Cadoret, un collectif de photographes militants qui couvre les manifestations et actions de l’AFA.

La Coordination féministe antifa avec une banderole arrachée au Collectif Némésis lors de la manifestation du 8 mars 2020.

- Coordination féministe antifasciste : La branche féminine de l’AFA, dirigée par Nargesse Bibimoune, et qui représente l’organisation dans les manifestations féministes comme celles organisées par Nous Toutes. C’est notamment cette coordination qui aura revendiqué les agressions du collectif Némésis et de Marguerite Stern.

Angel Bernanos et Thomas KGB Brasseur dans le clip Discret de Costa, à mi-chemin entre les codes hip-hop et bobo parisien. 

- Popup-stone : Boutique éphémère dirigée parle rappeur Constantin « Costa » Coulentianos, assisté d’Angel Bernanos et de l’ultra du Virage Auteuil Thomas « KGB » Brasseur. Popup-stone vend des vêtements des marques Stone Island et CP Company, prisées par les ultras et hooligans. Cette initiative permet également à l’AFA-PB d’investir cette niche contre-culturelle très appréciée d'une partie de la jeunesse bobo parisienne, et popularisée dans les banlieues par les clips de Drill. 

Les coups de gueules de Thomas Brasseur, qui fantasme la guerre civile sur X.

Proximités 

L’AFA co-anime la plateforme Acta.zone, lancée avec d’autres acteurs de la mouvance autonome durant le mouvement des Gilets Jaunes, en 2019, sur laquelle elle publiait des textes doctrinaires.

Le groupe est également proche du Parti des indigènes de la République (PIR), souvent accusé de flirter avec l'antisémitisme du fait des prises de position de son ancienne porte-parole, Houria Bouteldja. Un membre de l’AFA, sous le pseudonyme « Valerio Starita » et également « Geko », a traduit des textes de l’italien pour le PIR, et les deux groupes ont déjà organisé des prises de paroles communes. L’AFA se prévaut également d’une proximité avec le militant du PIR Wissam Xelka, qui a déjà invité les antifas parisiens sur sa plateforme « Paroles d’Honneur ».

Dans le cadre des manifestations pro-palestinienne, l’AFA-PB se retrouve fréquemment au côté de l’Union Juive française pour la Paix (UJFP), organisation juive antisioniste associée au PIR, qui a souvent co-déclaré des rassemblements avec les fractions de l’ultra-gauche, mais est accusée par d’autres mouvements de jeunesse juifs d’être « la caution juive des antisémites ». Dans le cadre de cet engagement, l’AFA entretient également des liens avec le mouvement Front Populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), mouvement marxiste classé terroriste en Union européenne, dont un porte-parole, Abu Samia déjà été invité au CICP.

L'AFA avec le drapeau du FPLP, Nargesse Bibimoune à droite.

L’AFA possède des liens étroits avec le syndicat Solidaires (SUD). En effet, Clément Méric fut membre de la branche étudiante de SUD, et la manifestation en son hommage est chaque année co-organisée avec ce syndicat. Aurélien Boudon, militant de l’AFA présent lors de la mort de Méric, est aujourd’hui porte-parole de SUD-Education. Enfin, un porte-parole de SUD-Poste dans le 92, Gael Quirante, a participé activement aux rassemblements de soutien à Antonin Bernanos durant ses incarcérations.

Dans les facultés, les jeunes de l’AFA s’appuient aujourd’hui sur le Tolbiac Football Club (Tolbiac FC), un groupe de jeunes antifas formés lors de l’occupation de Tolbiac en 2018, qui s’inspire des codes de la culture hooligan et se rattache idéologiquement à la mouvance autonome. Ces alliances avec des groupes plus jeunes leur permettent de grossir leurs rangs et d’établir une présence là où des militants plus vieux et insérés professionnellement ne peuvent se mobiliser.

L’AFA est proche de l’essayiste Matthieu Rigouste, militant d’ultra-gauche toulousain et chercheur en sociologie régulièrement invité aux événements du groupe, dont les travaux (résumés dans l’ouvrage La domination policière) visent à prouver la supposée nature foncièrement raciste et coloniale de l’institution policière.

Louis Boyard avec les militants de l'AFA.

Enfin, bien que ces derniers ne soient pas aussi étendus que ceux qu'entretient la Jeune Garde, l'AFA peut se prévaloir de liens avec les élus en exercice de la France Insoumise. Tout d'abord Raphaël Arnault, aujourd'hui député, a dans un premier temps milité aux cotés de l'AFA lors de ses études à Paris, étant inscrit pendant une année à la faculté de Nanterre. Une collaboration qui prit fin notamment en raison de l'engagement de Raphaël Arnault au sein des ultras Marseillais, ennemis historiques des supporters parisiens, fussent-ils de gauche ! L'AFA entretient également de bonnes relations avec Louis Boyard, qui prend la pose avec ses militants, tout comme avec Daniele Obono... qui participait en novembre 2019 à un rassemblement de soutien à Daniele Bombace, membre de l'AFA de nationalité italienne visé par une OQTF !

Danièle Obono aux côtés de Geneviève Bernanos et de l'AFA le 25 novembre 2019.

Locaux

Les députés NFP Eric Cocquerel et Danielle Simonnet avec Julien Terzics devant la façade du Saint Sauveur.

- Bar « Le Saint Sauveur », 11 rue des Panoyaux, Paris 20e. Bar historique de la mouvance antifa, dirigé par Julien Terzics et son associé Andreas Zund, auquel le premier cèdera toutes ses parts en 2020, et dont la gérance est assurée par Zelda Barbé, militante de l’AFA et compagne de Léo Kékéménis. C’est à ce bar que sont organisées puis débriefées des actions violentes, telle que l’attaque du local de Génération identitaire en 2018.

Entraînement au sport de combat des militants de l'AFA dans le local de la CNT en 2022.

- Local de la Confédération nationale du travail (CNT), 33 rue des Vignolles, Paris 20e. Local historique dans lequel se réunissait les antifascistes parisiens avant l’éclosion du phénomène antifa et devant lequel a été tourné le reportage « Antifa : chasseurs de skin ».

- Centre international de culture populaire (CICP), 21ter rue Voltaire. Local associatif historique commun à plusieurs organisations d’extrême-gauche et géré par ATTAC. L’AFA-PB s’en sert de local, y imprime des affiches et y organise des concerts. C’est également le local du Ménilmontant Football Club.

- Parole Errante, 9 rue François Debergue, Montreuil. Salle de concert et de sport commune de la mouvance d’extrême-gauche où sont organisés la plupart des concerts antifas.

- Lycée autogéré de Paris, 393 rue de Vaugirard, Paris 15e, bastion de l’extrême-gauche qui servira de local à plusieurs expéditions de l’AFA contre des militants rivaux de la faculté d’Assas, dont un des centres jouxte le lycée. Il y est également organisé de nombreux concerts de soutiens aux mouvements antifas. Il sera finalement fermé sur ordre du rectorat cette année 2024 suite à une longue procédure de l'inspection, initiée par des signalements de harcèlement sexuel.

 

Chronologie

- 31 mai 2009 : Agression des militants de la liste antisioniste de Dieudonné M’Bala M’Bala au marché des Pyrénées par des militants de l’AFA, assistés de Julien Terzics.

- 8 avril 2010 : Affrontement entre les militants du GUD et de l’AFA à la sortie des cours de la Sorbonne, menant à l’arrestation de tous les protagonistes.

- 2012 : Agression des militants du MET(liste UNI) par des militants de gauche (SUD et UNEF) auquel s’est joint Antonin Bernanos (sweat brun sur la vidéo), à la faculté de Tolbiac.

- 6 octobre 2012 : Agression de Alexandre G., responsable des Jeunesses Nationalistes, par six militants de l’AFA, dont Antonin Bernanos qui sera reconnu et jugé.

- 1er mai 2013 : Affrontement avec des hooligans du Kop of Boulogne à la fontaine Saint-Michel, au cours duquel Clément Méric sera blessé.

- 5 juin 2013 : Rixe au cours de laquelle Clément Méric perd la vie contre des skinheads du groupe Troisième Voie.

- 14 septembre 2013 : Attaque du bar « Le Pierrot » à la Motte-Picquet Grenelle, 9 militants de l’AFA sont interpellés.

- 19 septembre 2013 : Les militants de l’AFA retournent au bar « Le Pierrot » pour en découdre avec des militants du Printemps Français (frange radicale de la Manif pour Tous), cette fois-ci, 38 antifas sont interpellés préventivement.

- 13 juillet 2014 : Affrontement avec les militants de la Ligue de Défense Juive, rue de la Roquette, en marge d’une manifestation pro-palestinienne interdite.

- 12 avril 2015 : Agression d’Alexandre E., ancien skinhead de Troisième Voie, par un militant de l’AFA, Jonas D.-O. dit« Jo Vuk » qui sera reconnu et inculpé.

- 12 mars 2016 : Agression du vidéaste indépendant Léopold Jimmy par des militants de l’AFA, dont Antonin Bernanos, reconnu et condamné.

- 18 mai 2016 : Incendie d’une voiture de police en marge d’une manifestation de syndicalistes policiers par des militants de l’AFA, dont Antonin Bernanos et son frère Angel, qui seront tous deux incarcérés préventivement. Antonin Bernanos sera condamné.

- 8 juin 2016 : Agression des Veilleurs (collectif issu de la Manif pour Tous) à la place de la République dans le cadre de Nuit Debout par des militants de l’AFA, dont Léo Fouassier.

- 24 février 2017 : Attaque du bar Le Tennessee par des militants de l’AFA, dont Steve Domas qui sera interpellé.

- 25 novembre 2017 : Attaque du local de Génération identitaire, rue Juge, par les militants de l’AFA, qui seront interpellés, dont Bastien Berne, Geoffrey Bussy, Julien Aulu, Amin Zebbouj et Pierre Bitoun. Bastien Berne sera condamné. Pour leur défense, les militants de l'AFA reconnaîtront leur présence mais prétendront avoir voulu prendre une photo de provocation devant le local, malgré la revendication vidéo de l'attaque publiée sur les réseaux, tout bonnement ignorée par la juge !

- 8 décembre 2018 : Agression des militants de l’Action française par des militants de l’AFA lors d’une manifestation des Gilets jaunes.

- 19 janvier 2019 : Agression du vidéaste indépendant Léopold Jimmy par des militants de l’AFA, dont Antonin Bernanos, lors d’une manifestation des Gilets jaunes.

- 15 avril 2019 : Agression d’Antoine O., militant de Génération identitaire, en marge de l’incendie de Notre-Dame par des militants de l’AFA, dont Antonin Bernanos, qui sera interpellé et incarcéré préventivement.

- 8 mars 2020 : Agression des militantes du collectif Némésis par la Coordination féminine de l'AFA à la manifestation de la journée de la femme.

- 7 mai 2021 : L’ancienne porte-parole Femen Marguerite S. est agressée par des militantes de la Coordination féminine de l’AFA, dont Nargesse Bibimoune.

- 29 mai 2021 : Attaque d’une procession de prêtres catholiques commémorant les morts de la Commune de Paris par des militants de l’AFA, dont Pierre Bitoun, qui sera reconnu et condamné.

- 12 février 2022 : Agression de militants de la Cocarde au cours de la manifestation antipass du « convoi de la liberté » par des militants antifas menés par Antonin Bernanos.

- 23 février 2022 : Agression de colleurs d’affiche de Reconquête par des militants de l’AFA à proximité des domiciles des frères Bernanos et de Constantin Coulentianos.

- 19 avril 2022 : Attaque des jeunes de Génération Zemmour par une quarantaine de militants de l’AFA menés par Angel Bernanos en marge du blocage du lycée Lamartine.

- 10 décembre 2022 : Agression de supporters de l’Équipe de France par les militants de l’AFA lors du match France-Angleterre.

- 26 avril 2023 : Attaque de la terrasse du bar « Au Moka » par les militants de l’AFA dont Constantin Coulentianos.

- 29 avril 2023 : Participation de l’AFA à de violents affrontements contre des militants de droite à Saint-Brévin lors de la manifestation contre l’installation d’un camp de migrant. Une voiture est brûlée.

- 13 septembre 2023 : Attaque de la terrasse du Relais du Pont-Neuf à Paris et vol d’ordinateur par les militants de l’AFA.

- 9 décembre 2023 : Saccage au Mans du bar « Le Barracuda », accusé de servir les membres de l’extrême droite par les militants de l’AFA Paris-Banlieue venus prêter mains fortes aux antifascistes locaux. L’action est revendiquée.

- 27 juin 2024 : Attaque d’un happening du collectif Némésis au sein d’une manifestation de gauche par les militants de l’AFA.

- 7 septembre 2024 : Attaque d’une séance de sport du Réseau Identitaire France par une vingtaine de militants de l’AFA armés de barre de fer en marge de la manifestation contre le gouvernement Barnier.

Chefs du groupe

Bonafé, Sztarlyd, Berne et Bernanos, leaders successifs de l'AFA.

- 2008~2011 : Oliver Bonafé.

- 20011~2013 : Micha Sztarlyd.

- 2013~2016 : Antonin Bernanos.

- 2016~2018 : Bastien Berne.

- 2018~2024: Antonin Bernanos.

Personnalités notables 

Les membres de l'AFA Paris-Banlieue en compagnie des parents Bernanos.

- Antonin Bernanos dit « Anto », « Le Coffre », leader de Paris Antifa.

- Angel Bernanos (2) dit « Gelan », leader de la Jeunesse Paris Antifa anciennement HGR Youth.

- Léo Kékéménis (10), photographe du collectif Œil, cofondateur de l'AFA avec Olivier Bonafé

- Mehdi Daddane, leader du MILI.

- Julien Aulu (3) dit « Aziz », leader des Brothers.

- Léo Fouassier dit « Somi » (Soldat-MILI),membre de l’AFA et du MILI.

- Ulysses Dablemont, ancien porte-parole de FIDL.

- Youri Krassoulia-Vronsky, journaliste àRadio-Parleur.

- Amin Zebboudj, dit « Ilyes », porte-parole.

- Bastien Berne (4), dit « Minh », porte-parole, leader du groupe en l'absence d'Antonin Bernanos, membre du bureau.

- Arnaud Husser (5).

- Nicola Dieng (7), ultra de Naples.

- Nargesse Bibimoune (1), porte-parole et auteur, ancienne membre de la GALE (Lyon).

- Zelda Barbé, gérante du bar « le Saint-Sauveur ».

- Michaël Jacques dit "Mydjack", rappeur et porte-parole.

- Constantin Coulentianos (11) dit « Costa » ou encore « Takos BLF », rappeur, dirigeant de la société « Pop-up stone ».

- Iara Albenque, présente sur une liste SUD-étudiant et modératrice des groupes en ligne de l'AFA.

- Daniele Bombace (9), de nationalité italienne et visé par une procédure d’expulsion.

- Robinson Darondeau, graffeur sous le blaze « Rinbo ».

- Pierre Bitoun, ancien leader de la première Jeune Garde.

- Steve Domas, impliqué dans l'affaire Méric.

- Aurélien Boudon, syndicaliste et porte-parole à SUD-Éducation, impliqué dans l'affaire Méric.

 Notes

[1] Julien Terzics est récemment décédé le 1er juillet 2024, l’AFA-PB lui a rendu hommage.

[2] Antonin Bernanos, Police (ouvrage collectif), La Fabrique.

[3] Matthieu Rigouste, La Domination policière. Une violence industrielle, La Fabrique.

[4] Sébastien Bourdon, Une vie de lutte plutôt qu’une minute de silence. Enquête sur les antifas, Seuil.

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