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Dossier

Les violences de la Jeune Garde : Rétrospective sur six ans

Alors que le porte-parole de la Jeune Garde, Raphaël Arnault, est aujourd'hui député de la République, L'Observatoire vous propose une rétrospective des violences commises par ce groupe sur les 6 dernières années. Des violences souvent impunies et publiquement revendiquées sans le moindre complexe.

31/1/2025

On ne cesse aujourd’hui de parler de la Jeune Garde, qui est progressivement devenue le visage de l’antifascisme de rue en France dans les grands médias, supplantant la traditionnelle mouvance antifa. Cette arrivée sur le devant de la scène à trouver son apogée lors de l’élection de Raphaël Arnault (de son vrai nom Archenault) à la fonction de député sous l’étiquette la France Insoumise en 2024. Née à Lyon en janvier 2018, dans le sillage de la campagne Fermons les locaux fascistes, une fédération des syndicats et organisations de gauche communistes et anarchistes traditionnelles contre l’implantation locale du Bastion Social et de Génération Identitaire, la Jeune Garde s’est très rapidement imposée comme un groupe actif et dynamique sur l’ensemble du territoire national, particulièrement remarquée pour sa violence.

Clément Mickael Bal alias Cem Yoldas, Raphaël Arnault et Safak Sagdic, les chefs de la Jeune Garde.

Le but assumé de la Jeune Garde, héritière des Voraces, un précédent groupe de cogneur antifa lyonnais, c’est de rompre avec les traditionnelles pratiques militantes du milieu antifa-autonome, à savoir le squat, les black blocks en manifestation, la casse, pour se concentrer sur la violence de rue contre les opposants d’extrême droite. De l’aveu du fondateur de la Jeune Garde, Safak Sagdic, l’activité des Voraces était déjà « beaucoup d’affrontements, beaucoup de nettoyage, beaucoup d’attaques contre les locaux de l’extrême droite [1] ». L’engagement violent de Safak ne se limitera pas d’ailleurs à ses actions dans la rue : il combattra en effet dans les milices de la YPG au Kurdistan syrien, de 2015 à 2016, un engagement qu’il revendique ouvertement.

Raphaël Arnault, habitué des combats de rue, a longtemps exhibé sans complexe ses prises de guerres sur ses réseaux sociaux personnels.

La rupture avec la sous-culture antifa se traduit également par une simplification du discours. Bien que le groupe conserve ses fondamentaux marxistes, la problématique de la lutte contre l’extrême droite est réduite par lui à sa plus sommaire expression : la société est infestée de « racistes » et de « nazis » qui « sont en roue libre » à cause du RN et des « médias de Bolloré » et il faut agir préventivement avant que ceux-ci ne se livrent à des exactions à grande échelle contre les populations immigrées. Ainsi la Jeune Garde présente ostensiblement son combat comme purement défensif.

On constate pourtant que la très grande partie de ces violences sont revendiquées ouvertement et ne rentrent aucunement dans le cadre de la légitime défense. Sur cinq années d'activité, de 2019 à début 2025, on recense pas moins de 52 faits d'agressions et de menaces, dont 27 à Lyon. La plupart des cibles, présentées « nazis » ou a minima nationalistes ne peuvent être identifiées et très souvent leur désignation est purement unilatérale par la communication de la Jeune Garde. Enfin, Raphaël Arnault (Archenault) est également clairement reconnaissable dans plusieurs de ces revendications d'attaque, ce qui ne l’a pourtant pas empêché d’être considéré comme suffisamment respectable pour être investi comme candidat par la France insoumise et pour être élu dans la première circonscription du Vaucluse.

Sur le canal Telegram Antifa Squads, page lancée à l'origine par Raphaël Arnault et Safak Sagdic sur Facebook, où les violences antifas au niveau national sont souvent revendiquées en toute décomplexion, le nom de la Jeune Garde est cité à ce jour… soixante-deux fois depuis 2021 ! Preuve en est de l’activité prolifique du groupe. Le vocabulaire laisse peu d’équivoque, le conflit est recherché en permanence, et les opposants qui refusent de jouer le jeu de la violence avec la Jeune Garde sont régulièrement moqués pour leur lâcheté. En revanche, la plupart de ces mêmes revendications donnent lieu à un double discours quand on les compare avec leurs équivalents sur le canal principal de la Jeune Garde, ou ceux de ses porte-paroles (Raphaël Arnault et Cem Yoldas). Un discours consensuel et défensif pour plaire au public de gauche modéré, et un discours offensif et vindicatif pour la gauche radicale.

On notera que suite à une brouille de trop avec l'AFA (représentée par Mehdi Daddane, lui aussi cofondateur d'Antifa Squads), la Jeune Garde revendique à présent ses violences sur un canal portant le nom de Youth Antifa.

La stratégie de la Jeune Garde n’est d’ailleurs pas exempte de critiques au sein de la mouvance antifa traditionnelle, pourtant elle-même pas fâchée avec la violence. Ainsi un militant de l’AFA Toulouse leur reproche ouvertement une agression contre un jeune fan de métal mineur en juillet 2022, qu’il qualifie « d’aberration » dont il a « du mal à voir comment ça va populariser l’antifascisme politique. Et si demain Raphaël Arnault obtient un poste, c’est le genre de dossier qui sera facile à ressortir pour des adversaires : des membres de l’organisation dont il a été porte-parole tabassent des adolescents et le revendiquent. [1] »

Enfin les violences de la Jeune Garde sont loin de ne cibler que d’hypothétiques « nazis » mais touchent aussi des opposants politiques à gauche et au centre, et parfois des passants identifiés à tort comme d'extrême-droite. On peut par exemple souligner leur règlement de compte largement documenté avec leurs rivaux de la GALE, groupe antifa lyonnais, en 2022. Ou encore en 2023, l'agression de militants des Jeunes avec Macron par la section parisienne de la Jeune Garde.

S’il ne reste plus de traces des premières actions violentes de la Jeune Garde, marquées par des attaques de locaux contre le Bastion Social et l’Action française à Lyon comme Marseille, il est encore possible de retrouver les faits suivants :

- 9 mai 2019 : Attaque de la terrasse du restaurant le Charivari dans le 6e arrondissement de Paris par un commando d’antifas menés par Raphaël Arnault (dans lequel on compte également Alix Manga des Supras Auteuil et Amaï Goudiaby des Rapaces Paris).

- 17 janvier 2020 : Très violente rixe de presque 10 minutes à Lyon entre les membres de la Jeune Garde, dont Raphaël Arnault, et des opposants nationalistes dans le quartier du Vieux Lyon.

1. Hamma Alousseini, alias Luc Bawa. 2. Raphaël Arnault.

- 1er juin 2020 : Attaque revendiquée d’Audace Lyon, petit groupuscule nationaliste, par un commando de la Jeune Garde mené par Raphaël Arnault et Luc Bawa, le dernier étant poursuivi pour apologie du terrorisme, la Jeune Garde revendique le « passage aux urgences » des cibles qui finiront dépouillées de leurs vêtements.

- 19 août 2020 : Une vingtaine de membres de la Jeune Garde Lyon attaque le bar The Big White, six d’entre eux sont interpellés.

- 30 septembre 2020 : Attaque revendiquée d’un collage de l’Action française par la Jeune Garde à Strasbourg.

1. Raphaël Arnault

- 17 octobre 2020 : Tentative d'agression revendiquée par un groupe de la Jeune Garde mené par Raphaël Arnault en marge de l'ouverture de la librairie de droite Les Deux Cités à Nancy, interrompue par l'intervention de la police.

1. Raphaël Arnault

- 20 octobre 2020 : Agression revendiquée d’un skinhead d’extrême droite par trois membres de la Jeune Garde à Lyon dont Raphaël Arnault, reconnaissable à ses bagues et ses vêtements.

- 19 février 2021 : Agression revendiquée d’un « leader jeune » nationaliste par un groupe d’une dizaine de membres de la Jeune Garde à Lyon.

- 23 avril 2021 : Agression revendiquée d’un jeune homme présenté comme militant nationaliste par la Jeune Garde à Lyon.

- 24 avril 2021 : Raphaël Arnault est condamné pour des faits d'agression de ce jour en bande à 6 contre un jeune homme à Lyon.

- 5 mai 2021 : Attaque revendiquée d’un « leader Lyon Populaire » par quatre antifas de la Jeune Garde.

- 10 juillet 2021 : Attaque revendiquée du local identitaire La Traboule à Lyon par la Jeune Garde, présence de Luc Bawa.

- 4 septembre 2021 : Attaque revendiquée d’un cortège antipass par les militants de la Jeune Garde à Lyon. Un habitant du quartier pris par erreur pour un nationaliste subira 30 jours d’ITT et perdra 4 dents. Un membre de la Jeune Garde sera interpellé et déferré suite à ces faits.

- 20 novembre 2021 : Attaque du service d’ordre de Némésis durant une manifestation féministe organisée par Nous Toutes à Paris, présences d’Antoni Salamone, Raphaël Arnault, Maia Sniezek et Maxime Bon.

- 16 décembre 2021 : Agression revendiquée et vol de matériel de militants de l’Action Française par la Jeune Garde à Lille.

- 6 février 2022 : Les antifas de la Jeune Garde Lille se mobilisent l'occasion d'un meeting d'Éric Zemmour dans la ville. Ils revendiquent le fait d'avoir « repéré et recadré » plusieurs « militants d’extrême droite » qui se rendaient à la réunion politique dans le cadre de l'élection présidentielle.

- 23 février 2022 : À l’occasion d’une conférence de Raphaël Arnault à la faculté Rennes 2, des militants de la Jeune Garde, dont Safak Sagdic et Lucas Labaj dit Faucon, ont frappé et séquestré un des participants à la conférence, identifié comme militant de droite à cause de sa coque de téléphone qui arborait une fleur de lys. Une plainte a été déposée.

- 5 mars 2022 : Agression revendiquée de militants de GZ qui finissent dépouillés de leur matériel militant par une dizaine de membres de la Jeune Garde, dont Thomas Soliva, à Lyon.

- 5 mai 2022 : Série d’agressions filmées sur des militants nationalistes à Lyon, à chaque fois seuls contre une bande de militants de la Jeune Garde.

- 1er mai 2022 : Bagarre entre la Jeune Garde et son rival, le Groupe Antifasciste Lyon et Environ (aujourd’hui dissous) au local de Radio Canut à Lyon.

- 29 juin 2022 : Agression revendiquée de 5 membres de GZ à Paris en marge d’une soirée de l’Institut de Formation Politique par un groupe de la Jeune Garde mené par Antoni Salamone.

- 9 juillet 2022 : Agression revendiquée (puis finalement effacée) d’un jeune homme habillé en fan de blackmetal par les militants de la Jeune Garde à Aubervilliers, menés par Antoni Salamone.

- 14 décembre 2022 : Agression revendiquée de deux ultras du Paris Saint-Germain à Paris par la Jeune Garde en marge du match France-Maroc.

- 4 mars 2023 : Deux membres de la Jeune Garde, dont Thomas Soliva, tatoueur sous le pseudo « Casual Ink » agresse un ultra du Kop of Boulogne dans les rues de Paris.

- 28 mars 2023 : Violente bagarre revendiquée entre la Jeune Garde et leurs opposants nationalistes en marge du blocus de la fac Lyon 3. Les militants de la Jeune Garde retiennent ensuite un opposant et filment son tabassage.

- 14 avril 2023 : Attaque revendiquée de la sortie du local de l’Action française à Paris par les militants de la Jeune Garde.

- juin 2023 : Agression revendiquée d’un homme présenté comme un soutien du régiment ukrainien Azov par trois militants de la Jeune Garde dans les rues de Paris.

- 2 septembre 2023 : la Jeune Garde Lille traque les identitaires de la Citadelle durant tout un week-end et revendique le fait d’avoir « attrapé » plusieurs militants.

- 21 septembre 2023 : Agression des membres des Jeunes avec Macron par la Jeune Garde sur le campus de la faculté de Nanterre.

- 29 septembre 2023 : Agression revendiquée des militants du groupe Luminis par la Jeune Garde en terrasse du restaurant Au Vieux Colombier à Paris.

- 3 octobre 2023 : Agression d'un militant de Génération Zemmour à Lyon par Arnaud Monteiro, membre de la Jeune Garde et du service d'ordre de la CGT.

- 16 octobre 2023 : Durant un hommage à Dominique Bernard à Lyon, Raphaël Arnault a intimidé Mila et menacé mort Alice Cordier, la directrice du collectif Némésis.

- 23 novembre 2023 : Cinq antifas de la Jeune Garde Strasbourg, dont Clément Mickael Bal alias Cem Yoldas, agressent un nationaliste qui vient de sortir d’une église.

- 17 décembre 2023 : Raphaël Arnault menace des personnes âgées qui ont tracté pour le Rassemblement national à Lyon, dans le quartier de Croix-Rousse.

- 22 décembre 2023 : Bagarre revendiquée entre les militants de la Jeune Garde et des opposants nationalistes à Lyon.

- 26 janvier 2024 : Nouvelle attaque revendiquée de la Jeune Garde sur le local de l’Action française à Paris.

- 4 mars 2024 : Nasrollah Marouf, qui accompagne la Jeune Garde Strasbourg dans ses agressions, est arrêté par la BAC avec quatre autres antifas pour l’agression d’un jeune homme de 18 ans qui sortait d’une conférence organisée par le Cercle Mercure.

- Avril 2024 : Dans le Pays d'Aix, deux antifas de la Jeune Garde, dont Malek Medjani, agressent le porte-parole de Tenesoun et ancien collaborateur parlementaire RN Raphaël Ayma.

- 19 avril 2024 : à Lyon, les militants de la Jeune Garde Alexandre Lele et Arnaud Monteiro ont lynché un militant RN qui sortait du métro. Ils seront jugés le 11 septembre 2025 au tribunal correctionnel de Lyon pour violence aggravée par deux circonstances.

- 27 avril 2024 : Cinq antifas de la Jeune Garde, dont Florian Cuntreri, revendiquent d’avoir attaqué trois militants nationalistes à Marseille, dont deux ont été mis « KO ».

- 9 mai 2024 : Un jeune homme de 19 ans est passé à tabac par une vingtaine de militants de la Jeune Garde à Lyon. Un coup de béquille lui provoquera une double fracture de la mâchoire.

- 12 mai 2024 : Agression revendiquée de deux militants nationalistes dépouillés de leurs affiches et vêtements dans le métro par la Jeune Garde à Lyon.

- 22 mai 2024 : Attaque revendiquée de la terrasse du bar « Le Danois » à Lyon par la Jeune Garde.

- 27 mai 2024 : À Lyon, Raphaël Arnault, accompagné de militants de la Jeune Garde, agresse un homme identifié comme étant un militant identitaire. Plus tard dans la soirée, un autre homme est agressé par la Jeune Garde.

- 6 juin 2024 : Un commando d’une dizaine de militants de la Jeune Garde Strasbourg attaque deux personnes faussement identifiées comme étant membres du groupe nationaliste « Gargouilles ». Une plainte a été déposée et quatre jours d’ITT prescrits. La plainte mentionne le nom de Clément Mickael Bal dit Cem Yoldass, porte-parole de la Jeune Garde comme Raphaël Arnault.

- 7 juin 2024 : Agression revendiquée de membres de l’Action française à Lyon par la Jeune Garde.

- 7 juin 2024 : Des militants de GZ, la branche jeunesse de Reconquête, collent leurs dernières affiches avant les élections européennes à Lyon. Au cours du collage, ils sont alpagués par un homme en scooter et qui porte donc un casque : « On va vous crever […] On va revenir […] Une balle dans la tête ». Les militants identifient clairement Raphaël Arnault. Une plainte a été déposée.

Compte rendu de police.

- 13 juin 2024 : Raphaël Arnault, inquiet pour son intégrité physique car il aurait « été reconnu dans le train » au départ de Paris, a sollicité l’adjoint au maire de Lyon chargé de « la Sûreté, de la Tranquillité et de la Sécurité », Mohamed Chihi, afin que celui-ci envoie une patrouille de policiers municipaux à son arrivée à Lyon. Finalement, ce sont les membres de la Jeune Garde qui agressent un homme soupçonné d’être « nationaliste ». Le meneur est Jacques-Élie Favrot, l’assistant parlementaire de Raphaël Arnault. La Jeune Garde s'est en effet jetée sur la victime, qui a été lynchée. Tandis que Jacques-Elie donnait des coups de pieds, un autre portait des coups avec une matraque télescopique. Une plainte a été déposée.

- 27 juin 2024 : Huit membres de la Jeune Garde Paris ont été mis en examen après avoir agressé un juif de quinze ans dans le métro. Celui-ci était accusé d’appartenir à la Ligue de défense juive.

- 13 janvier 2025 : À Montpellier, un jeune étudiant de 18 ans et membre de la Cocarde s’est fait lyncher au sol par quatre membres de la Jeune Garde, dont Adrien Ghisolfi, Yaël Legouhy et un certain Lucas, surveillant au collège du Jeu de Mail à Montpellier, parce qu’il venait de retirer un de leur autocollant à la sortie d'un restaurant universitaire. Une plainte a été déposée et sept jours d'ITT ont été prescrits.

- 22 janvier 2025 : Alors qu’ils tractaient à la faculté de Strasbourg, quatre membres du syndicat étudiant La Cocarde ont été repérés par des membres de la Jeune Garde Strasbourg, dont Nasrollah Marouf, qui ont suivi le groupe, avant de les insulter puis de les frapper. Quatre jours d’ITT ont été prescrits à chaque membre de la Cocarde, une plainte a été déposée.

- 28 janvier 2025 : Nasrollah Marouf, étudiant à l'université de Strasbourg, a été surpris en train de surveiller une conférence de l’Action française. Repéré, il a fui, tandis que les militants de la Jeune Garde, qui attendaient une rue plus loin, ont été dispersés par la police. La Jeune Garde prévoyait d'attaquer les militants d'AF.

Vous disposez d’informations sur d’autres violences commises par la Jeune Garde ? Contactez via observatoireviolences@proton.me ou sur nos réseaux sociaux.

Une pétition a été lancée par le Collectif Némésis afin d’exiger la dissolution de la Jeune Garde : https://petition-libertes.com/petitions/dissolution-de-la-jeune-garde-stop-a-limpunite-des-milices-dextreme-gauche-ultra-violentes/

[1] Sébastien Bourdon, Une vie de lutte plutôt qu'une minute de silence. Enquête sur les antifas, Seuil, 2023.

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