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Angers : les Jeunes communistes derrière des tags antifas qui dégradent la ville

17/4/2025

Depuis le dimanche 13 avril, le monde carcéral français est la cible d'attaques coordonnées et minutieusement préparées. Une vingtaine de véhicules ont été incendiés à Agen, Réau, Nanterre, Villepinte, Valence, Marseille, Aix-Luynes ou encore Tarascon, tandis que la violence a atteint un nouveau palier avec des tirs visant la prison. Si la signature « DDPF » (Défense des droits des prisonniers français) pouvait légitimement braquer les projecteurs vers l'extrême gauche, il semblerait qu'au fil des heures cette piste perde en crédibilité.

Cependant, l’extrême gauche s’en prend régulièrement aux prisons, perçues comme des lieux oppressifs dirigés par un État répressif. Les surveillants pénitentiaires, souvent présentés comme complices de ce système, sont fréquemment ciblés. Ainsi,l'extrême gauche est suspectée d'être à l'origine de l'incendie de voitures de surveillants pénitentiaires à la prison de Draguignan le 21 mars dernier.

À Angers, l’extrême gauche locale s’est illustrée bien avant cette vague d’attaques. Dans la nuit du 3 au 4 avril 2025, entre 23 h et 1 h, des tags anti-prison, qui visaient l'institution mais également les surveillants ont été découverts dans le quartier Ney/Chalouère, à proximité de la maison d’arrêt. Ces inscriptions, apparues après l’annonce du suicide d’un détenu le 31 mars révélée par Le Courrier de l’Ouest le... 3 avril, s’inscrivent dans une pratique antifasciste locale bien ancrée. Cette dernière se manifeste par des dégradations de biens publics et privés – murs de maisons, façades de commerces, monuments historiques – recouverts de messages d’extrême gauche.

L'extrême gauche accusé l'Etat d'avoir tué le détenu qui s'est suicidé.

JEUDI 3 AVRIL, UNE SESSION TAGS CONTRE LES PRISONS

Le jeudi 3 avril, des tags hostiles au système carcéral et aux surveillants pénitentiaires ont été retrouvés aux alentours de la prison d'Angers, notamment sur des bâtiments situés rue Brisepotière et parc Desjardins. Les messages, peu originaux, s’inscrivent dans la rhétorique de l’extrême gauche libertaire : « Détenu.es suicidé.e, État meurtirer » (sic.), « crèvent les taules », ou encore « cracher sur les matons ». En temps normal, ces graffitis seraient passés inaperçus, noyés parmi tant d’autres. Mais depuis les attaques du 13 avril, ils ont pris une résonance particulière. Face à ce contexte, le parquet d’Angers a ouvert une enquête le 15 avril, conformément aux consignes nationales de vigilance accrue autour des établissements pénitentiaires. Les artistes antifas locaux pourraient se retrouver dépassés par l’ampleur des événements, cette « session nocturne » de peinture n’étant pour eux qu’une activité routinière.

L'extrême gauche angevine souhaite s'en prendre aux surveillants pénitentiaires.

LES TAGS ANTIFASCISTES, UNE PROBLÉMATIQUE STRUCTURELLE À ANGERS

Depuis plus d'un an désormais, les antifas angevins ont fait du tag un véritable outil de propagande. Le quartier Ney/Chalouère, où se situe la maison d’arrêt, est particulièrement touché. Ce phénomène, devenu massif, a attiré l’attention de TF1, qui y a consacré un reportage au début de l'année 2024, Or, si TF1 se déplace pour des tags, c'est que la situation est alarmante.

Le premier quartier évoqué dans le reportage de TF1, celui où il est possible d'entrevoir des tags antifas même si le journaliste ne daigne pas le dire, est le quartier Ney/Chalouère, celui-là même où se trouve la prison mais également... le local du Parti communiste (PCF). Le constat est simple : ce local est l'épicentre des dégradations. Depuis des mois, de très nombreux tags d'extrême gauche ont fleuri autour de ce local situé 3 rue Jacques Cartier. Comme l'indique le reportage de TF1, les antifas s’attaquent à des biens récemment rénovés, exaspérant les riverains qui voient leurs efforts ruinés et la beauté de leur quartier ternie. Certains messages, en plus de relayer une idéologie d’extrême gauche, adoptent un ton menaçant.

Les antifas s'en prennent Jean-Eudes Gannat, une figure nationaliste angevine.

Chaque année, ces dégradations, qui sont l'apanage de l'extrême gauche dans certains quartiers de la ville, coûtent 200 000 euros à Angers. Les responsables sont rarement attrapés et punis. Pourtant, certains antifas angevins ont déjà été interpellés alors qu'ils commettaient leurs méfaits.

L'OMBRE DES JEUNES COMMUNISTES

Peu de temps après le reportage de TF1, à la fin du mois de mars 2024, six antifas étaient arrêtés par la police alors qu'ils taguaient des slogans antifas dans les rues d'Angers. Ce soir-là, ils ont été repérés sur les bords de Maine, interpellés puis placés en garde à vue. Parmi eux figurait Jules Auger, qui n'est nul autre que... le responsable lycéen de la branche jeunesse du Parti communiste français d'Angers, le Mouvement de la jeunesse communiste de France (MJCF).

Jules Auger, responsable lycéen de la branche jeunesse du Parti communiste français d'Angers, en haut à droite.
Jules Auger.

Les autres militants d'extrême gauche interpellés sont Anna Maria Bertin, née en 2002 ; Léon Ruel, né en 2001 ; Lilabelle Bellenger ; Arthur Le Floch, né en 2004 et... Judicaël Verger. Ce dernier est déjà mentionné dans une enquête de L'Observatoire : il avait revendiqué avoir contribué au saccage du bar “Le Bazar” en juin 2024 à Angers.

La concentration de tags antifascistes autour du local du PCF, l’arrestation de six militants affiliés au MJCF en train de taguer, les accusations répétées des habitants du quartier Ney/Chalouère qui ne sont pas dupes sur l'identité de ceux qui manient la bombe de peinture et les tags anti-prison du 3 avril, qui restent dans une zone géographique proche du local communiste, dessinent un tableau troublant. Comment ne pas voir plus qu'une simple coïncidence entre tous ces faits ? Il est plausible que des membres des Jeunes communistes se réunissent au local du PCF, s’équipent de bombes de peinture, dégradent les rues avoisinantes, puis regagnent le local pour se débarrasser du matériel.

Malgré leur interpellation en 2024, les poursuites se sont limitées aux faits commis en flagrant délit, avec un préjudice estimé à 1 500 euros par la ville. Cette sanction légère n’a pas freiné leurs agissements. Selon nos informations, la préfecture et la mairie connaissent l’identité des principaux acteurs de ces dégradations, qui continuent d’exaspérer les Angevins.

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