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L’antifascisme rennais entre black bloc, violences et marginalité : retour sur l’agression de deux étudiants devant la faculté de droit

6/3/2025

AU COMMENCEMENT ÉTAIT LE BLOCAGE DE RENNES 2

Depuis le 21 janvier 2025, la faculté de Rennes 2 dite « la rouge », fidèle à sa tradition, est en ébullition. En effet, les militants d’extrême gauche qui peuplent le campus ont entrepris de le bloquer afin de dénoncer l’austérité qui frappe l’Enseignement supérieur. Plusieurs semaines plus tard, les bloqueurs rennais sont parvenus à initier un mouvement national, sans que celui-ci ne change la donne pour autant. Plusieurs semaines plus tard également, la mobilisation se poursuit à Rennes : après des dizaines de tags sur les bâtiments de la faculté, le saccage de plusieurs bâtiments, quelques jours de blocage décrétés par la minorité de bloqueurs et la fermeture du campus durant une semaine par la présidence afin de rétablir un semblant d’ordre, les militants d’extrême gauche ont occasionné plus de 300 000 euros de dégâts (creusant ainsi le déficit de la faculté qui s’élève déjà à 4,8 millions d’euros !) et se mobilisent encore actuellement.

L'intérieur d'un bâtiment de Rennes 2, saccagé par l'extrême gauche.

Le jeudi 27 février, ils manifestaient (sans avoir déclaré le rassemblement) à l’appel de l’Union Pirate ou encore du syndicat Solidaires et, comme souvent, la situation a dégénéré pour en arriver à une violente agression. 

UNE MANIFESTATION BANALE POUR L'EXTRÊME GAUCHE

Le 27 février était une journée ordinaire pour l’extrême gauche rennaise : à 06h30, Rennes 2 était bloquée, tandis qu’à 13h, un départ en manifestation sauvage était proclamé. Le cortège était réuni sous les bannières de l’Union Pirate, qui contrôle Rennes 2, mais aussi du syndicat Solidaires. Enfin, la première ligne était essentiellement composée d’antifas autonomes mais qui pour la plupart sont reliés au groupuscule Défense Collective, lequel a vu sa dissolution être annulée par le Conseil d’État il y a quelques semaines.

Comme bien souvent, il s’agissait pour l’extrême gauche de déambuler dans le centre-ville de Rennes tout en passant devant les principaux établissements, comme Sciences Po ou les Beaux-Arts. Vers 16h, ils s’arrêtèrent d’abord devant la faculté de Sciences Économiques, située place Hoche. Alors que l’enceinte était inaccessible, le portail étant fermé par un cadenas pour empêcher le cortège d’entrer, certains antifas, les mêmes qui seront à la manœuvre lors de l’agression quelques minutes plus tard, ont tiré sur le cadenas afin de le briser, ce qu’ils réussirent. Après avoir causé du tumulte durant plusieurs minutes, ils poursuivirent leur route, en direction de la faculté de droit située non loin.

Dès lors, la terreur s’instaure très vite au sein de l’administration en charge des étudiants en droit. En effet, de telles incursions d’extrême gauche sont récurrentes, surtout depuis janvier : systématiquement, les antifas taguent, rentrent de force dans le bâtiment, crient, empêchent la bonne tenue des cours, tentent de bloquer la faculté et intimident toute personne qui oserait s’opposer à leurs méthodes. Cette fois-ci, l’administration de la faculté de droit avait donc pris les devants en bloquant toute entrée et toute sortie du bâtiment, le temps que le cortège poursuive sa route. 

Néanmoins, les services de la faculté n’ont pas pris en compte le fait qu’en empêchant toute entrée et en laissant la sécurité à l’intérieur du bâtiment et non à l’extérieur, elle jetait littéralement certains de ses étudiants en pâture. Ce fut le cas de Léonard et d’Elouan, qui devaient assister à un cours à 18h mais qui étaient arrivés vers 16h30 afin de retrouver des amis et qui se sont retrouvés piégés. Ces deux étudiants en droit, dont l’un est l’ancien responsable du Rassemblement National des Jeunes en Ille-et-Vilaine et l’autre est collaborateur parlementaire du député européen Gilles Pennelle (RN), sont arrivés en même temps que le cortège. En l’espace d’une minute, tout a basculé.

Découvrant au dernier moment qu’ils ne pouvaient entrer dans la faculté, Léonard et Elouan furent rapidement repérés par les manifestants d’extrême gauche. L’information circule vite : des « fascistes » sont présents devant la faculté. L’homme qui anime la manifestation avec un mégaphone, que plusieurs témoignages identifient comme étant Camille Le Gleut, un cadre de l’Union Pirate, cache à peine sa volonté de les voir se faire lyncher. Un commando antifa, composé d’antifas vêtus de noir, équipés de gants coqués et de cinq parapluies pour masquer leur prochaine exaction, se dirige vers les deux étudiants, qui sont vite entourés. La violence s’abat alors sur eux, à environ vingt contre deux. Léonard tombe par terre et est roué de coups. Les agresseurs, en surnombre et visiblement insatisfaits par le seul fait de tabasser leurs proies, ont alors entrepris de dépouiller Léonard en lui dérobant sa sacoche, laquelle contenait son ordinateur, son portefeuille et différents documents scolaires. Elle a été remise par un des assaillants à un certain Léo Desilles. Âgé de trente-deux ans, cet antifa est connu de la justice pour « atteinte à l'intégrité de l'État » et « atteinte à l'ordre administratif », mais aussi pour des affaires liées à l’alcool et au tabac. 

Une partie du commando antifa, quelques secondes avant l'agression des deux étudiants.

Il convient de préciser que l’agression s’est déroulée du début à la fin sous les yeux de Madame Barbara Sevestre, la responsable administrative et financière de la faculté de droit, qui était présente à l’intérieur de l’enceinte, qui a vu ce qui allait arriver, qui a vu Elouan lui supplier de les laisser rentrer en tapant à la porte et pourtant, elle n’a rien fait pour aider ses deux étudiants : ni pour les faire rentrer, ni pour les protéger en s’interposant, ni en envoyant la sécurité, qui est restée les bras croisés durant toute la durée de l’agression, bien au chaud.

Après avoir donné suffisamment de coups aux deux victimes à leurs yeux, le commando antifa se disperse. Les protagonistes habillés en noir se cachent une nouvelle fois derrière des parapluies, ouvrent leur sac à dos et se changent. Ensuite, ils s’échangent leurs affaires entre eux afin de ne pas conserver de preuves sur eux. Malgré leur technique rôdée, cinq antifas sont tour à tour repérés puis interpellés aux alentours de 17h. Malgré leur camouflage, malgré l’application des préceptes black bloc, malgré le changement d’habits, ils ont été identifiés par un drone qui a pu capturer les images de l’agression et les suivre dans tous leurs faits et gestes ensuite. Les cinq antifas, à savoir Simon Buxeraud, Raphaël Gruel, Hoël Dumont, Pierre Le Menec et Thabara Régnier ont ensuite été placés en garde à vue.

Après l'agression, la police a nassé les manifestants, procédé à une vérification d'identité et a ainsi pu interpeller certains antifas impliqués dans l'agression.

Les victimes ont porté plainte, en voici un extrait :

Fidèles aux enseignements de la Défense Collective, ils ont gardé le silence, refusé de signer les procès-verbaux et refusé de se soumettre au relevé des empreintes digitales et au prélèvement ADN, à l’exception de Thabara Régnier, qui s’y est soumise. Le profil de ces antifas apparaît, sous certains aspects, caricatural.

LES ANTIFAS ARRÊTÉS, ARCHÉTYPES DE L'EXTRÊME GAUCHE

Simon Buxeraud, le leader

Simon Buxeraud est l’antifa arrêté le plus connu et le plus important des cinq. Il est en effet un des leaders antifas à Rennes. Âgé de vingt-neuf ans, il est très implanté dans le petit monde de l’extrême gauche rennaise depuis au moins dix ans. Étudiant à Rennes 2 jusqu’en 2018, date à laquelle il soutient un mémoire de Master en Histoire, il a d’abord fréquenté les syndicats étudiants, au point de devenir tête de liste de l’Armée de Dumbledore en mars 2015 pour les élections étudiantes. À partir de 2016, qui correspond à la date de sa création, Simon Buxeraud se rapproche de la Défense Collective et adopte peu à peu les méthodes de la gauche autonome : l’action avant tout, mais sans la revendiquer au nom d’une organisation. Il se forme donc avec la « Def Co », grâce à laquelle il apprend les techniques du black bloc et perfectionne sa formation juridique. Preuve de son influence dans le milieu antifa, il était à la tête des manifestants rennais en 2023 lors des manifestations contre la réforme des retraites. Il a notamment a été aperçu en première ligne avec un mégaphone sur CNEWS à l’occasion d’une des nombreuses manifestation qui a dégénéré en violences contre les forces de l’ordre et dégradations contre les commerces.

Simon Buxeraud, leader antifa rennais.

Simon Buxeraud prend une dimension nationale en avril 2022 après avoir, sur un marché à Tours, agressé et craché sur un retraité qui tractait pour Éric Zemmour dans le cadre de l’élection présidentielle. 

À cette occasion, l’influenceur Papacito le provoqua en duel en lui proposant un combat de boxe anglaise. Cette proposition restera sans réponse de la part de l’antifa.

Même s’il n’a jamais été inquiété pour cette agression, son hyperactivité au sein du black bloc et sa propension à commettre des actes illégaux concourent à le faire condamner en juin 2019 à six mois de sursis et à quatre cents euros d’amende pour avoir violenté des policiers dans une manifestation tout en étant cagoulé et pour avoir refusé de se soumettre au relevé de ses empreintes digitales.

En 2025, Simon Buxeraud ne fait pas usage de son diplôme de master. Il est serveur à mi-temps dans un restaurant situé place Clara Zeitkin à Rennes et touche le RSA, comme son camarade Maximilien Couchoud à Angers.

Raphaël Gruel, l’éternel étudiant accusé de viol

Raphaël Gruel est un ami de Simon Buxeraud et un camarade, car lui aussi fait partie du satellite Défense Collective. À 28 ans, ce natif de Rennes vit sa neuvième année à Rennes 2 mais, loin d’être doctorant, il est actuellement en L2 Arts Plastiques. Son casier judiciaire est bien rempli : en 2016, il a été emprisonné durant un mois pour... des violences commises en réunion durant une manifestation, exactement ce pourquoi il est de nouveau accusé. Cet antifa dispose d’un chef d’accusation supplémentaire à son encontre par rapport aux autres car il a été condamné en 2023 à une peine d’interdiction de participer à des manifestations sur la voie publique et n’a pas respecté cela. Très prévoyant, il disposait sur lui au moment de son interpellation de plusieurs tracts de la Défense Collective sur lesquels figuraient plusieurs numéros de téléphone d’avocats « qui travaillent avec la Défense Collective » : Maîtres Delphine Caro, Nicolas Prigent et Olivier Pacheu.

Raphaël Gruel se démarque également de ses autres acolytes par un boulet qu’il traîne à son pied depuis 2019. Il a en effet été accusé par deux organisations d’extrême gauche de Rennes 2, à savoir l’Alliance rebelle et la FSE, d’avoir commis un viol. Pour cela, il a été dénoncé publiquement au travers d’un communiqué :

Raphaël Gruel, dénoncé publiquement par l'extrême gauche pour une agression sexuelle.
Hoël Dumont

Hoël Dumont est un antifa rennais de 28 ans. Son profil est moins marginal que ses deux prédécesseurs : il est maître d’hôtel en événementiel dans la commune du Rheu et il n’a jamais été condamné. Toutefois, tout porte à croire qu’il est n’est pas un novice et qu’il fréquente le black bloc depuis un certain temps.

Le couple antifa : Pierre Le Ménec et Thabara Régnier

Enfin, les deux derniers antifas arrêtés sont un couple. Ils vivent ensemble, vont en manifestation ensemble et se partagent le travail de black bloc : Pierre Le Ménec, étudiant de 19 ans en L1 information-communication, est celui qui agit, tandis que Thabara Régnier, étudiante de 19 ans en L1 Arts Plastiques, est celle qui couvre ses arrières. Ainsi, la jeune antifa est accusée d’avoir fourni un sac de vêtement aux antifas agresseurs pour qu’ils puissent se changer après avoir commis leurs méfaits. Cela ferait donc d’elle une complice de violences aggravées. Elle était particulièrement aux petits soins pour son petit copain, Pierre Le Ménec, récupérant notamment son manteau après l’agression afin de le mettre dans son sac. Celui-ci a par ailleurs été arrêté avec tout l’attirail du black bloc : masque, gants, tabac, affaires de rechange...

ACCUSÉS DE VIOLENCE, SOUTENUS PAR TOUTE L'EXTRÊME GAUCHE ET ÉPARGNÉS MÉDIATIQUEMENT

Cette violente agression démontre, comme la plupart des agissements des antifas, que ceux-ci jouissent d’un privilège médiatique et d’un droit à l’illégalité, un droit à casser, un droit à frapper bien souvent sans même devoir rendre de comptes à personne. Les médias et notamment les médias locaux ont pris l’habitude de ne jamais utiliser les termes d’ « antifas » ou même d’ « extrême gauche », préférant ne pas qualifier les « personnes » concernées :

Si vous lisez le titre du Télégramme, impossible de savoir que l'extrême gauche se cache derrière l'agression.

De même, pour éviter d’évoquer l’idéologie d’extrême gauche des accusés, Le Télégramme a récemment utilisé les qualificatifs de « camarades », « jeunes » ou encore « jeunes gens ».

Manque de professionnalisme ou solidarité idéologique ?

Plus encore, alors qu’ils sont accusés d’avoir agressé deux pauvres étudiants en supériorité numérique écrasante, et cela uniquement parce qu’ils étaient considérés comme trop à « droite », le député La France insoumise (LFI) Marie Mesmeur, fondatrice de l’Union Pirate à Brest, a décidé de rendre visite à ses délinquants rouges, dont deux sont membres de l’Union Pirate (probablement le couple). En effet, après avoir bu un verre avec Philippe Poutou et Guillaume Meurice au Ty Anna (bar fréquenté par les antifas situé sur la place Sainte-Anne), la compagne du député Louis Boyard, vers 23h30 le jeudi 27 février, a décidé d’aller apporter son soutien aux cinq interpellés pour violence et vol, ce que lui permet son statut de député. 

Marie Mesmeur, député LFI.

UNE MOBILISATION ANTIFASCISTE DEVANT LE TRIBUNAL QUI RÉSUME TOUT

Après 48 heures de garde à vue, les cinq antifas ont été convoqués devant le tribunal correctionnel de Rennes afin d’être jugés en comparution immédiate le mardi 4 mars à 15h30. Entre temps, ils n’ont pas été placés en détention provisoire mais libérés sous contrôle judiciaire. 

À Rennes, les antifas inversent toujours les rôles. En conséquence, un appel à la mobilisation en soutien aux « camarades » interpellés a été diffusé par l’Assemblée Générale antifasciste de Rennes. Une centaine de militants d’extrême gauche s’est ainsi réunie devant le tribunal, sans déclarer le rassemblement, pour scander des slogans antifascistes, afficher publiquement leur soutien à des antifas accusés de violence et de vol, mais aussi pour intimider les victimes, menacer leurs proches et notamment photographier la plaque d’immatriculation du véhicule du père de l’une d’elles. Le troupeau était composé de nombreux militants de l'Union Pirate et de LFI, comme Malou Duhamel (cadre des jeunes insoumis et suppléant de... Marie Mesmeur), Camille Le Gleut, Elouan Le Guilly ou encore Johan L., qui a relayé ses menaces proférées à l'encontre des victimes sur ses réseaux sociaux. 

Cette manifestation traduit le sentiment d’impunité qui anime l’extrême gauche rennaise, qui, après plusieurs années à agir illégalement et violemment sans constater la moindre conséquence, croit qu’elle peut jouir d’un tel privilège indéfiniment. Ainsi, cette manifestation antifasciste devant le tribunal judiciaire de Rennes a donné lieu à une scène infiniment cocasse. Deux antifas, qui étaient présents lors de l’agression et qui sont accusés d’avoir joué un rôle au moins dans le vol de la sacoche, ont été interpellés par la police alors qu’ils ont offert leur personne sur un plateau en se rendant devant le tribunal, lequel était surprotégé par la police qui voulait éviter de potentiels graves débordements ! Selon nos informations, ces deux antifas sont Léo Desilles et Félix Mennerun, qui n’est nul autre que l’un des colocataires de Hoël Dumont et qui est connu par les services de police pour plusieurs vols. Le monde est petit.

Alors que Simon Buxeraud et Raphaël Gruel, qui sont état de récidive, risquent une lourde condamnation, les accusés ont demandé un délai supplémentaire afin de préparer leur défense comme le leur permet la loi. Le tribunal a donc renvoyé l'affaire et le procès aura lieu le jeudi 24 avril 2025 à 15h.

D’ici là, les militants d’extrême gauche devraient se tenir tranquilles – jusqu’à la prochaine agression ?

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